[GRIF'Abrite] Chats abandonnés : Une journée à l’auberge fondatrice GRIFélins.
Copyright Photo L. Rakoto
Cette auberge est au centre et à l’origine du réseau GRIFélins qui compte une dizaine de villages investis dans la protection et stérilisation des chats errants issus d’abandons. Elle abrite, en milieu rural: 6 compagnons de vie, 16 permanents en annexe aménagée ou asile, 17 chats en parcours libre. Juste après le petit déjeuner, mon repas favori, j’entame ma tournée par le réveil des très anciens permanents de l’asile, Papet, Tristan et Fersen, locataires de l’espace gériatrie. Ils dorment énormément, et pourraient en oublier de se nourrir. Quasiment édentés, ils délaissent les croquettes. Un mélange haché menu de blanc de poulet, haricots verts et riz constitue leur premier repas de la journée. Papet voit mal mais entend bien. Du coup, ses miaulements réveillent et motivent Tristan et Fersen, un peu durs d’oreille. Je me sens accueillie. J’ai pu remarquer que le repas en commun les stimule, un peu comme à l’époque des premières dents. Quelques coups de peigne ne sont pas superflus, car ils sont devenus adeptes de la toilette minimale. Ils disposent chacun leur petit nid douillet, inamovible. Tout déplacement même minime serait mal pris. Lorsque le temps s’y prête, Fersen monte sur le rebord de la fenêtre ouverte. Les deux autres restent à l’intérieur.
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Le moment vient d’isoler un à un les plus de 10 ans, Tricky, Goya, et Loukoum pour leur servir un peu de pâtée destinée à faire passer un complément diététique destiné au soutien de la fonction rénale. Une autre poudre pourra venir soulager des déficiences neuro-musculaires, en un mot, les « rhumatismes », discrètement, mais forcément présents et douloureux à cet âge. Ils sont traités un à un, car certains seraient adeptes du double, voire triple traitement à la barbe d’un autre, moins vorace.
Ceci étant fait, la troupe des plus jeunes m’a entendue et m’attend de pied ferme derrière la porte. Ils sont nourris de croquettes haut de gamme. Ils accourent, ce qui me permet de mesurer à leur comportement s‘il est habituel, si chacun va bien. Un nombre largement suffisant d’écuelles évite tout conflit et les gamelles d’eau sont nettoyées et remplies. Les emplacements sont scrupuleusement respectés. Je les laisse à leur repas et marque une pause, le temps que les sphincters fassent leur office…
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Cette pause me permet de venir réveiller GRIFélins, blog et Face Book. Ici, dans notre village, ça pédale… le démarrage s’effectue en pointillés… J’ai donc le temps de nourrir nos 6 co-locataires, ceux qui vivent avec nous, et que, en gros, dans notre raisonnement limité d’humains, nous appelons des chats « propres ».
Internet finit quand même par sortir de sa léthargie !... Réponses aux messages et commentaires. Partages et signatures de pétitions sur FB. Que de raisons d’être triste… Ouverture de la page Microsoft qui abrite les rudiments de mon prochain article. Mais, ça ne vient pas toujours comme je le voudrais! Allons ! Retournons chercher l’inspiration dans les tâches de maintenance : 30 litières attendent d’être nettoyées. Là est le signe de la bonne santé. Là est la vie. Là est l’humilité. Et, souvent, de là viennent les mots…
Et nous, au fait, qu’est-ce qu’on mange à midi ? Pendant que notre repas essaie de mijoter sans brûler, c’est l’heure du 2ème service pour les papys : petit suisse et lait pour chatons. Avec ça sur l’estomac, une bonne sieste sera de mise. Pour toute la troupe aussi d’ailleurs. La sieste c’est félinement sacré! Le stress est minimum, gage supplémentaire d’une bonne santé. Même s’ils sont nombreux, le territoire est vaste, et ils ne se feront jamais autant de mal que ce que pourrait leur faire un humain mal intentionné ou un autre, trop bien intentionné et interprétant à contre sens la subtilité des signaux félins.
Vite, quelques tâches familiales genre ménage, rangement, lave-vaisselle et lessives. Un peu d’écriture, de conversations téléphoniques pour, par exemple, gérer la répartition des bons de stérilisation mis en commun selon les besoins de l’une ou l’autre des auberges, pour des conseils face à tel ou tel problème de santé, conseils à donner en accord avec nos vétérinaires, ou encore pour trouver la bonne attitude devant les propos malveillants de certains de nos voisins, modérer les emportements de part et d’autre, faire de la pédagogie, informer les autorités et resserrer les liens etc, etc… et aussi maintenir les liens familiaux. Le chat, déjà, isole, alors, la passion des chats !!!...
Arrive l’heure du goûter pour nos papys, sous forme de pâtée succulente et diététique. J’en profite pour faire un petit tour chez les plus jeunes, passer quelques coups de brosse et nettoyer yeux et oreilles des plus dociles.
La sortie des classes annonce le début des obligations dues à mon métier, celui par lequel je gagne, comme on dit, ma vie. La fin de l’après midi et le début de soirée sont consacrés à mes élèves apprentis pianistes de tous âges. C’est zen.
Avant le repas du soir ou après, selon mon état de fraicheur… c’est la randonnée de nourrissage des 17 chats libres répartis en 3 groupes bien distincts et distants dans le village, ceci afin d’éviter les attroupements toujours trop voyants et contre productifs à la cause que nous défendons. La discrétion est notre meilleure alliée. Hier soir, c‘était sous des hallebardes de pluie, et je n’ai pas vu grand monde : tous aux abris. Ils viendront cette nuit sans doute. Je n’aime pas ne pas les voir. Je crains toujours pour eux quelque voiture meurtrière, quelque piège lâche et cruel, quelque raticide… Ceux là, même s’ils m’attendent, ne font confiance que d’un œil et trois pattes. Ce soir, pour 2 ou 3, je suis inquiète. Les chats se cachent souvent pour souffrir et mourir. Mais ils ont choisi de rester libres, alors de quel droit leur imposer ma version de l’abri, à moins qu’un jour, l’un ou l’autre ne demande asile, comme cela s’est déjà produit. Et c’est toujours pour moi un honneur. Cette demande peut arriver aussi, malheureusement, au moment ultime de leur vie….
Il fait nuit. Il fait froid et humide. Ca sent les châtaignes ! Tous les permanents ont élu domicile dans leur abri perso. Personne n’insiste pour rester dans le jardin ce soir. Un petit coup de nettoyage dans le local des papys pendant qu’ils « soupent ». Extinction des feux chez internet.
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Bonne nuit, et à demain !
Tout ça, c’est ma routine, sur laquelle se greffent les aléas, pathologies légères ou lourdes. Si possible un weekend, ou au moment d’aller travailler… Les dépôts de chatons sur le rebord des fenêtres ou autre poubelle ! Encore que nos villages GRIFélins soient devenus plus calmes de ce côté-là, du fait de notre engagement soutenu. Le réseau grandit et attire les largages de complaisance, les arrivées d’adultes « libérés » par des propriétaires défectueux !... Il attire également les demandes de communes désemparées, mais pas toujours prête à faire le travail, ni dans la concertation, ni dans les règles. Le désarroi, à l’origine du animal « hoarding » (accumulation), entraîne conflits et cruauté. Il est souvent impossible de mettre en place des médiations. Si vous saviez combien nous nous sentons souvent découragés ! Combien nous avons besoin de tout votre soutien pour continuer !
Merci d’y penser.
=^..^=artine
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