[GRIF'Abrite] Le combat d'Eléa
Nous rentrons, Eléa et moi, d’une visite chez notre vétérinaire. Nous y allons tous les 3-4 mois, à chaque fois que sa maladie se rappelle à nous. Eléa souffre d’une pathologie persistante, douloureuse, incurable et contagieuse. Les lésions buccales qu’elle provoque deviennent parfois si douloureuses qu’elles l’amènent à résister à toute proposition de nourriture. Plus le met est appétant, plus il est tentant, et plus il me semble qu’il fait l’objet d’un dilemme. Depuis quelques jours, nous étions replongées dans ce rapport pervers : Moi, me mettant en quatre pour concocter de bons petits plats, elle, sur le point de céder à la tentation et se ravisant, puisque ce qui semble bon, non seulement va faire mal, mais en plus ne tient pas ses promesses, faussé par le mauvais goût de l’infection. Hier soir, Eléa n’a rien pris du tout, sinon un peu d’eau. Cette nuit, elle est venue lover son petit corps fluet sous la chaleur de la couette. Le moment était venu de se rendre quotidiennement à la clinique pour un traitement par injections. Comment faire autrement puisqu’ il est impossible de lui administrer quoi que ce soit en bouche ? Le stress serait trop important. Une relation basée sur la méfiance et le rapport de force se dégraderait.
La consultation s’est comme toujours très bien passée. On a commencé par une séance de caresses-ronrons. Puis, un petit coup de peigne-plaisir, plaisir auquel Eléa ne peut plus s’adonner lorsque ses ulcérations buccales deviennent trop douloureuses. Vint ensuite la pipette anti-puces, puces dont elle est la proie privilégiée pour la même raison. Elle s’est laissé ouvrir la bouche. Il faut dire que sa Docteure a la « touch » avec les chats. Elle a rapidement regardé et elle a dit : « O mon Dieu ! ». Deux piqures, et hop ! Eléa se réfugie dans la caisse de transport si détestée d’ordinaire. Nous y retournerons demain et après demain, jusqu‘à ce qu’on puisse passer aux cachets écrasés dans la pâtée, l’appétit étant revenu.
Dès son retour à la maison, Eléa a mangé un bon morceau de canard. Nous avions cela au menu à midi. Elle se repose. A quoi rêves-tu petite Eléa ? A un frigo qui s’ouvrait, à un robinet qui coulait ? A une personne chère qui partageait avec toi son repas, avant… avant que, pour une obscure raison, tu n’atterrisses dans cette association, qui m’a sollicitée, tablant sur mon bon cœur, ma faiblesse, mon courage?... Qui n’a jamais seulement demandé de tes nouvelles depuis, et a laissé mes demandes d’adoption lettre morte ? C’était il y a maintenant 2 ans. On t’avait placée à la va-vite en famille d’accueil, à la suite sans doute du premier abandon. Abandonnée à nouveau par cette famille d’accueil trop hâtive, tu fus retournée à l’envoyeur, dans ta caisse de transport, à même le trottoir, devant la porte de l’une des membres de ladite association. Ouste! Pleurs, lamentations et condamnations de ces dames, mais là encore, PERSONNE N’A VOULU DE TOI ! Dépôt à notre clinique en déplorant ton « haleine pestilentielle ». C’est là que notre histoire a commencé, grâce à ton abandon par une association avec pignon sur rue, mais avec, en l’occurrence, un tout petit « a ».Dors, récupère, profite de cette rémission, discrète Eléa. Oublions un moment ensemble que manger fait mal, que manger fait peur. Retape-toi dans notre chaleur, dans celle de tes compagnons félins. Tu es contagieuse ? J’ai réfléchi. Il y a ici beaucoup de chats. T’isoler ? Comment guérir dans l’exclusion ? J’ai préféré parier sur les ressources des systèmes immunitaires. Tu ne seras plus une paria. Mais, au fait, y aurait-il encore, en 2013, des parias ? Qu’en pensez-vous ?
=^..^=artine
Un article très bien fait sur le calicivirus : http://www.chatsnoirs.com/pages/sante-du-chat/calicivirus-felin.html
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