[GRIF'Auteurs] La Pomponnette.
Quand, dans un village de Haute-Provence, le boulanger récemment installé découvre un matin que sa jeune femme est partie avec un beau berger, il décide de faire la grève du pain tant qu’elle ne sera pas revenue. Le village se mobilise alors pour la retrouver. Dans la scène finale, faisant mine d’adresser ses reproches à la chatte fugueuse Pomponnette, le boulanger exprime habilement toute la peine causée par sa femme dégrisée et repentante.
Redécouvrons et savourons ensemble ce texte d’anthologie :
Le boulanger : Ah ! Te voilà, toi ? Regarde, la voilà la Pomponnette !... Garce, salope, ordure, c'est maintenant, que tu reviens ? Et le pauvre Pompon, dis, qui s'est fait un mauvais sang d'encre ! Il tournait, il virait, il cherchait dans tous les coins... Plus malheureux qu'une pierre, il était... Et elle, pendant ce temps-là avec ses chats de gouttières... Des inconnus, des bons à rien... Des passants du clair de lune. Qu'est-ce qu'ils avaient, dis, de plus que lui ?
Sa femme : Rien.
Le boulanger : Toi tu dis "rien." Mais elle, si elle savait parler, ou si elle n'avait pas honte - ou pas pitié du vieux Pompon - elle me dirait : "ils étaient plus beaux." Et qu'est-ce que ça veut dire, beau ? Et la tendresse alors, qu'est-ce que tu en fais ? Dis, tes ministres de gouttières, est-ce qu'ils se réveillaient, la nuit, pour te regarder dormir ? (La chatte, tout à coup, s'en va tout droit vers une assiette de lait qui était sur le rebord du four, et lape tranquillement.) Voilà. Elle a vu l'assiette de lait, l'assiette du pauvre Pompon. Dis, c'est pour ça que tu reviens ? Tu as eu faim et tu as eu froid ?... Va, bois-lui son lait, ça lui fait plaisir... Dis, est-ce que tu repartiras encore ?
Sa femme : Elle ne repartira plus...
Le boulanger : Parce que, si tu as envie de repartir, il vaudrait mieux repartir tout de suite, ça serait sûrement moins cruel...
Sa femme : Non, elle ne repartira plus... Plus jamais... » Marcel PAGNOL
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