[GRIF' Auteurs] Chats libres : information pour les personnes qui s'interrogent par Célia Hoerter
Capture-Stérilisation-Relâchage?
"Cette procédure est la seule efficace sur du moyen et du long terme, pour contrôler la croissance des populations de chats errants. Un tel programme stabilise immédiatement la taille d'une colonie à condition qu’on stérilise au moins 70% des adultes fertiles. Une stérilisation proche de 100% entraîne une diminution progressive de la population dans le temps. A chaque fois que cela est possible, les chatons assez jeunes pour être facilement socialisés sont retirés et placés pour adoption.
Les avantages du programme C-S-R :
Tout d'abord, la stérilisation diminue le nombre de chats qui passent de la rue aux refuges locaux, puis en fourrière, ce qui a un impact considérable sur les taux d'euthanasie.
Un autre avantage est la réduction des coûts pour les agences de contrôle des animaux. (Le coût lié aux chats errants prend en compte le temps nécessaire à un agent pour capturer le chat, les dépenses de nourriture et d'hébergement pendant la période d'attente obligatoire, ainsi, que le coût de la procédure d'euthanasie.)
Le coût du programme C-S-R comprend uniquement la stérilisation et l’identification de chaque chat, le reste du travail - capture, soins, nourrissage - étant pris en charge par des bénévoles. Un tel programme permet de mobiliser un grand nombre de bénévoles car il privilégie la vie. Capturer le plus grand nombre de chats errants nécessite une armée de bénévoles, qui refuseront de se mobiliser si l'unique devenir des félins est l'euthanasie.
Les alternatives échouées :
L'approche traditionnelle consistait à « capturer et tuer ». Le nombre de chats errants actuels est la preuve suffisante de l'échec de cette méthode. Les raisons de cet échec sur le long terme sont claires : il est très difficile de capturer la totalité des chats d'une colonie. Cela peut prendre plusieurs jours et demander de la persévérance. Les agences de contrôle disposent rarement des ressources permettant de maintenir ce genre d'effort ; les agents posent quelques pièges, capturent quelques chats, ce qui n’en réduit que temporairement le nombre.
Et quand bien même tous les chats d'une colonie seraient attrapés et retirés, la population ne s’en trouverait pas pour autant réduite sur le long terme. C'est « l'effet de vide ». Une colonie de chats errants est entourée par d'autres colonies de chats errants présents sur des territoires voisins. Si une colonie est éradiquée, mais que ses sources de nourriture sont toujours présentes, les chats des territoires voisins vont venir s’y nourrir et s’y reproduire. Par contre, la plupart de ces chats resteront en dehors du territoire si celui-ci reste occupé par une colonie stérilisée et stabilisée suffisamment imposante.
Pourquoi ne pas retirer les sources de nourriture en même temps que les chats pour éviter cela ? C'est plus facile à dire qu'à faire. Les sources de nourriture rassemblent les déchets journaliers d'un restaurant, les ordures laissées sur le trottoir pour les éboueurs, les boîtes de nourriture que les gardiens des chats laissent traîner.
Une autre raison qui rend presque impossible l'éradication des chats errants est la dévotion de leurs gardiens, qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour nourrir et protéger leurs pupilles félines, y compris violer des interdictions de donner de la nourriture, violer une propriété privée et interférer avec les efforts des agences de contrôle. L'approche capturer et tuer fait de ces gardiens des ennemis. Alors que le programme C-S-R les mobilise, et en fait une énorme force alliée pour le contrôle des populations.
A l'autre bout de la gamme des alternatives échouées se trouve le modèle de sauvetage qui considère que ces chats doivent impérativement être placés dans des foyers. Cette vision aurait pu être plausible à une époque, dans des zones où il y avait très peu de chats errants, la plupart venant d'être abandonnés. Maintenant, elle est inenvisageable. Dès lors qu'ils ne sont plus des chatons, il est très difficile de socialiser ces chats harets, et il n'existe de toute façon pas assez de foyers pour les recueillir. Un grand nombre de chats socialisés meurent dans des refuges par manque de place. Pourquoi y amener des chats craintifs qui peuvent tout aussi bien être protégés dans les rues ?
Une autre méthode consisterait à essayer de faire partir les chats en les privant de nourriture. On obtient souvent l'effet contraire : ils se rapprochent. Les chats errants sont très attachés à leur territoire, et au lieu de partir pour chercher de la nourriture ailleurs, ils vont empiéter sur les habitations humaines à la recherche de moyens de subsistance. Mais, est-il vraiment besoin de rappeler que laisser des animaux domestiques, car tel est leur statut juridique, mourir de faim en les privant de nourriture, est interdit et cruel ?
Le programme C-S-R a l'avantage d'être, et humain, et légal.
Le programme C-S-R a l'avantage d'être, et humain, et légal. Il respecte le droit à la vie de ces animaux, et leur offre un niveau d’existence aussi élevé que possible. Il permet également de diminuer durablement les niveaux de population. Toute autre méthode s’avère dispendieuse, cruelle et inefficace."
Célia Hoerter