[GRIF' Ethique] « L’horrible miaou de la culpabilité » par Inugami
Lorsque l'on est végétarien ou vegan, on culpabilise de devoir nourrir avec de la viande et du poisson ses propres animaux. On culpabilisera également de leur imposer un régime sans protéïne animales... L'auteur de l'article qui suit évoque clairement le dilemne qui se pose à nous. Il m'a permis d'avancer dans ma réflexion. J'espère qu'il en sera de même pour vous. Bonne lecture!
« On ne peut pas être un vegan parfait. Cela ne veut rien dire. J’utilise souvent cet exemple, mais lorsque l’on achète sa baguette auprès de son boulanger omnivore, on finance l’achat de sa tranche de jambon du lendemain. A moins de vivre en dehors de la société (ce qui n’est pas nécessairement impossible ou non-souhaitable), on participe à son échelle à celle-ci, pour le meilleur et pour le pire. Le tout est d’essayer de faire le plus de meilleur et le moins de pire possible. Et c’est souvent un calcul difficile. Mais quand on a compris que personne n’est irréprochable, qu’il faut faire preuve d’empathie et que chaque petit geste compte, on avance plus facilement.
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Mon chat a un régime carné. Aïe. C’est là que le bât blesse. Mon chat n’a pas un régime vegan. Et c’est l’une de mes – nombreuses – « imperfections ». Mais que celui qui n’a jamais fauté me lance le premier falafel. Bon, ça risque pas de faire mal.
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J’ai, bien sûr, demandé à un vétérinaire. Elle m’a expliqué que c’était une abomination que de vouloir donner un régime vegan à un chat. Pourtant, on ne peut pas l’accuser d’anti-veganisme primaire : je l’avais rencontrée lors d’un atelier de cuisine végétale. J’ai aussi eu, comme je l’écrivais, l’autre son de cloche. Que penser alors ?
Quand on arrête la viande, le lait, les œufs, etc., on ressent les changements. Et notamment le fait qu’on se sente mieux, et pas du tout carencé, si l’on équilibre correctement (comme dans n’importe quel régime alimentaire). Le problème est bien différent quand il s’agit « d’imposer » (aucun jugement de valeur dans le mot) un régime à quelqu’un d’autre, comme à un chat. Elle ne pourrait pas me donner de feedback. Elle ne pourrait pas me dire « yo, t’as vu, tranquille, j’manque de B12 » (mon chat est une racaille des années 2000).
Certaines décisions doivent se faire sans que l’on soit vraiment sûr de ce que l’on fait. Lorsque j’ai changé de régime alimentaire, je savais qu’exploiter les animaux était immoral. Mais je ne pouvais pas être sûr de mes conséquences sur ma santé. L’un relève de la logique, de la morale : des choses accessibles à tous. L’autre de la biologie, de la médecine : domaine que l’on ne peut pas nécessairement maîtriser. Mais j’ai tenté, parce qu’au fond, ce n’était que moi d’un côté et des milliers d’animaux de l’autre ; j’ai fait le pari de croire que ça ne poserait pas de problème. Et j’ai eu raison.
Éthiquement, je n’aurais aucun problème à lui imposer une alimentation sous prétexte qu’elle aurait « le droit de manger ce qu’elle veut ». A partir du moment où d’autres êtres sensibles sont concernés, le « droit de faire ce qu’on veut » se trouve nécessairement réduit. Mais peut-elle manger vegan ? Si oui, je dois lui imposer. Si je savais avec certitude que cela ne pose pas de problème pour elle, ce serait même une obligation morale. Sinon, je ne sais pas. Dans le doute, je n’arrive pas à me décider. Le pari dont je parlais est plus difficile à faire quand il ne s’agit pas de soi mais de quelqu’un d’autre, quelqu’un que l’on aime de surcroît. Peut-être suis-je faible, et peut-être même (sans doute) les intérêts des autres animaux devraient peser plus lourd dans mon jugement que ceux de mon chat. C’est l’une des questions qui reste pour moi sans réponse à l’heure actuelle. Mea culpa.
Putain, j’aurais dû prendre un lapin ! »
Inugami 22 juin 2016
Pour retrouver l’intégralité de l’article, c’est ici :
http://howimetyourtofu.com/lhorrible-miaou-de-la-culpabilite
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