[GRIF’Ecoute] Lettre à MIRABELLE, douce amie disparue...
Le 16 Mai 2015, Géraud acceptait de venir exprimer ici son immense chagrin de Jones. J’ai alors pensé qu’une rubrique consacrée aux chers disparus pourrait permettre de partager et d’alléger la peine immense qu’ils nous font en nous quittant. Aujourd’hui, 10 Juin 2015, c’est Béa qui vient nous donner sa lettre à Mirabelle, disparue le 10 Juin 2003, et jamais oubliée…
« Mira, Mira belle, Mirabelle, ma belle amie féline, déjà douze ans que tu te prélasses de l’autre côté du pont de l’Arc en Ciel. Alors je t’adresse cette lettre que tu recevras au Royaume Céleste des Chats afin que tu saches combien je te suis reconnaissante d’être entrée dans ma vie un soir de novembre. J’étais restée si longtemps sans câliner un mistigri ! Tu ne t’es pourtant point trompée puisque tu as choisi mon humble paillasson parmi tous ceux des maisons de mon quartier pour y poser tes coussinets fatigués et y laisser derrière toi tes longues semaines d’errance.
D’ où venais-tu ? Je ne l’ai jamais su. Tu miaulais désespérément. Je ne pouvais qu’entendre ta détresse. Aussitôt ma porte entrouverte, je ne vis qu’une ombre se faufiler entre mes jambes et s’engouffrer dans mon garage. A la lumière, je te découvris pauvre minette à la robe tricolore sans brillance, à la prunelle sans étincelle, maigre et épuisée. Je t’ai soulevée du sol et tu t’es blottie dans le creux de mes bras, ronronnante et déjà confiante en ton avenir. Une soucoupe de lait et quelques miettes de thon suffirent à étancher ta soif et à calmer ton estomac qui criait famine. Puis je t’installai dans mon hall, une vieille couverture pliée en quatre dénichée dans un placard où tu dormis toute la nuit sans demander ton reste. Dans un coin, assez loin de ton couchage de fortune, j’avais pris soin de laisser à ta disposition des feuilles de papier journal pour que tu puisses y faire tes besoins. Le lendemain, une visite chez le vétérinaire s’imposait. Aucun chat perdu ne correspondait à ton signalement. Tu n’étais pas identifiée. Tu ne semblais appartenir à personne. Examinée sous toutes les coutures, ton mauvais état général ne faisait pas l’ombre d’un doute. Seule ta bonne dentition laissait à penser que tu étais encore jeune. Deux ans ? Peut-être trois ?
On décida de t’adopter. Il fallait te requinquer. Les jours et les semaines passaient. Tu t’es habituée à la maison comme si tu avais toujours vécu là. Tu faisais ton petit tour de jardin, sans jamais t’éloigner. Tu miaulais beaucoup et de manière plaintive le soir et la nuit. C’étaient presque des cris déchirants qui me fendaient le cœur. Te lamentais-tu sur ton triste passé ?
Arriva la mi-février… Ton œil droit subitement, s’injecta de sang. Tu te cognais partout. Ta démarche était chancelante. Tu paraissais ne plus voir assez clair. Branle-bas de combat. Il fallait consulter un ophtalmologiste de toute urgence. Direction la clinique des Filles du Calvaire à Paris… Tu venais de faire une hémorragie de la chambre antérieure de l’œil avec un léger œdème cornéen. Tu risquais d’en faire une autre à l’œil gauche. Il fallait te soigner et te garder quelques jours en observation. Malgré les petites misères liées aux examens médicaux que tu devais subir, tu es restée sage comme une image. Le diagnostic n’était pas bon du tout. Tu souffrais d’une insuffisance rénale chronique associée à une haute tension artérielle qui avait provoqué ton hémorragie oculaire. Et tu n’avais certainement pas deux ou trois ans… Il fallait plutôt te rajouter une bonne dizaine, voire une douzaine d’années ! Tu étais très malade et en fin de vie.
De retour à la maison avec un traitement et une nourriture adaptés à ta santé fragile, nous savions que tu étais en sursis. Le lendemain de la Pentecôte, on t’aida à partir pour ton dernier voyage tandis que je me débattais entre les pinces d’un cancer. J’en ai versé des larmes après ton départ. Tu m’as tant aidée, Mirabelle à supporter les épreuves de la maladie. Comment pourrais-je t’oublier ma belle et gentille petite féline ? » Béa
« En complément de ma Lettre à Mirabelle, je reste persuadée qu'elle n'a pas été "un chat de hasard" dans ma vie. Lorsqu'elle est arrivée chez moi, ce jeudi soir de novembre, j'étais restée 20 ans sans chat à la maison... Puis, je suis tombée gravement malade. Elle était là... Durant ces 7 mois de cohabitation, nous avons eu le temps d'apprécier cette gentille minette qui était en fin de vie. Elle était d'une grande douceur. Je l'ai soignée jusqu'au bout. Elle se laissait faire sans broncher. Jamais un coup de griffes. Son état avait empiré, ce fameux WE de Pentecôte. Ses deux derniers jours ont été un enfer : elle n'avait plus la force de se lever. J'avais garni son couffin de serviettes et de draps de bain que je changeais au fur et à mesure de ses souillures. Il faisait chaud. Les mouches commençaient à rôder autour d'elle. Il a fallu attendre le lendemain, le mardi 10 juin pour l'emmener chez le véto. Juste avant de partir, j'ai voulu qu'elle profite une dernière fois de son jardin, à l'ombre. Elle était allongée dans l'herbe. Je n'oublierai jamais la manière dont elle me regardait... Son regard en disait long : intense, expressif, indescriptible... Elle savait que c'était fini pour elle. Il y avait longtemps que je désirais écrire l'histoire de Mirabelle. Cette Lettre à mon chat m'a permis de vous la conter. » Béa
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