Votre chat se lèche, se gratte frénétiquement et semble mener une guerre sans merci à toute repousse de ses poils ! Les examens vétérinaires ont écarté la piste allergique, la piste hormonale, la piste parasitaire ainsi que celle des maladies rares. Ecartée également, la raison qui fait le bonheur de vos vêtements et canapés : la mue de printemps pour les chats qui sortent, la mue perpétuelle pour ceux vivant à l’intérieur. Alors ?

Restent les troubles du comportement. Il existe 2 sortes d’alopécies psychogènes : l’alopécie anxieuse et l’alopécie psychosociale. La première trouve sa source dans l’enfance, la deuxième dans le quotidien. Votre chat est dans le mal être. Il se mutile et votre angoisse vient s’ajouter à la sienne : un cercle vicieux s’installe. J’ai vécu cette sorte de désarroi avec  une petite chatte prénommée Chanel qui a,  malgré son jeune âge, un passé très chargé : née d’une mère siamoise errante et peu sociable, elle a vu le jour dans une grange, au sein d’une colonie de chats libres. Sa mère a été  relâchée stérilisée, sur son lieu de vie. Les 2 petits furent identifiés et abrités au refuge, dans l’espoir d’une adoption.  Malheureusement, la « sauce » n’a pas pris ! Ils sont restés plus que réservés à mon égard. Puis, Chanel a malheureusement développé un coryza, et la soigner dans ce contexte s’est avéré impossible. Je l’ai donc rapatriée chez nous. Elle restait stressée, hypersensible, fuyante, sans présenter pour autant de trouble cutané. Elle refusait de s’alimenter. Par manque d’odorat ? Par méfiance ? Les deux ? Comment envisager de lui faire ingérer un cachet dans une ration alléchante ?

Je commençais à désespérer quand je me suis aperçue que Chanel « parlait » à  Valentin, et que celui-ci répondait à ses invites à grand renfort d’allo marquage. J’ai donc placé 2 gamelles côte à côte,  et dirigé Valentin vers celle qui ne contenait pas de médicament. Chanel accepta de prendre régulièrement son traitement et fut guérie en 8 jours. Alors qu’ils étaient devenus inséparables, Valentin fut hélas terrassé par une crise cardiaque qui nous laissa, Chanel et moi, consternées. Comme si cela ne suffisait pas, un conflit démarra quelques temps après entre elle et une nouvelle venue : Kamala. Feulements, poursuites, bagarres…

Et c’est alors que se déclencha l’alopécie. Lésions de grattage après lésions de grattage, le tour du cou et le dos se dénudèrent. Comme il m’était toujours interdit d’approcher Chanel, nous ne sommes passées, ni par la case anxiolytiques, ni par celle des médecines alternatives. Un déracinement, un conflit, un attachement, un deuil - les animaux vivent douloureusement la perte - sa coupe était pleine. Tout regard, tout geste, toute invite remettait une louche de stress.  Léchage frénétique, grattage, yeux écarquillés, cris stridents, démarrages en trombe, impossibilité, par exemple, de retrouver une porte par laquelle elle était sortie… A tel point que je craignais, à tout instant, de la retrouver, elle aussi, victime d’un arrêt cardiaque. Ma pauvre petite bête se trouvait dans l’impossibilité de valider le projet de vie qui  lui avait été imposé. Elle partait à la dérive et se noyait désespérément dans ses émotions.

J’ai donc décidé pour elle un retour aux conditions de vie primitives, parmi des congénères dont les signaux, mêmes négatifs seraient, sans ambiguïté, décodables. Elle a réintégré le refuge et élu domicile dans une corbeille d’osier, au fin fond du grenier. Un cercle vertueux s’est peu à peu recréé. La fourrure est aujourd’hui splendide. Je peux donc à nouveau repenser le dialogue. Je sais  désormais qu’une adoption serait réellement traumatisante. La ravissante Chanel va sur ses 4 ans et vivra tranquillement parmi ses compagnons, me laissant de temps à autre admirer sa jolie robe. Et qui sait, peut-être un jour appréciera-t-elle la caresse, comme un vrai petit chat…  

=^..^=artine

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