En 2002, nous l’appelions déjà « le », comme on dit en Lorraine, Papet, tant il nous paraissait chenu. Il appartenait à une petite colonie libre nourrie de restes par une dame âgée. Cette dame fut placée. Les chats furent laissés là, sans autre forme de procès. Cela me permit tout de même de procéder, dans ce secteur, à  une  série de captures afin de limiter la naissance de chatons consanguins et malvenus. La dame, elle,  ne voyait pas ça d’un très bon œil. Certains de ces chats furent victimes d’accident de la route. D’autres migrèrent peu à peu vers notre jardin. Parmi eux, « le » Papet, qui à l’époque présentait une robe très dégarnie. Il reprit, au propre et au figuré, du poil de la bête, acceptant le couvert, mais préférant retourner passer la nuit sur son ancien territoire. Au fil des années, il finit par prendre goût également au gite, mais continua de me tenir à distance tout en consentant à  dormir dans une dépendance attenante à  notre jardin.  Des années et des années plus tard, mais quel âge a-t-il donc ?... nous en arrivâmes à un véritable contact, toujours précédé d’un crachement rituel. C’est à l’occasion de l’un de ces accueils mitigés que j’ m’aperçus que « Le » Papet ne risquait guère de me mordre, eu égard au faible effectif de sa mâchoire. Séduit par les délicieuses petites boites de pâtées succulentes, il prit l’habitude de me guetter, de très tôt jusque tard, devant la porte de « sa » nouvelle  maison. C’est là que vous avez pu et pouvez encore le voir, sur l’article posté à l’occasion d’Halloween. Le petit sorcier qui vous réclame des croquettes, c’est lui ! L’hiver venant, je n’ai pu me résoudre à le voir m’attendre ainsi, sans se soucier des intempéries. Il s’est laissé offrir l’hospitalité. Une pièce lui est maintenant réservée. J’y ai installé sa boite polystyrène que j’ai garnie d’une bonne vieille robe de chambre en laine des Pyrénées. Seulement voilà, quelle que soit l’espèce à laquelle on appartient, déménager, quand on est très âgé, c’est loin d’être tous bénéfices. On n’y voit ni entend plus très bien, les odeurs nouvelles sont perturbantes, et surtout, passer de l’herbe au parquet relève de l’exercice de patinage. Alors, on ne s’y risque pas trop, et on reste plus longtemps couché en se laissant aller à cette toute nouvelle douceur. On mange. On dort. On prend un peu de poids. On ne tient plus trop bien sur ses appuis. On  comprend de manière très approximative le principe de la litière. AVAIS-JE BIEN FAIT ? Quelques vieux tapis récupérés pour la sécurisation, quelques plastiques recouverts de journaux pour l’hygiène, un petit  temps d’observation pour baliser son mini-territoire, et le tour était joué : Papet s’est bien vite reconstruit un domaine. Une visite chez le vétérinaire a permis de soulager un vilain nez bouché. On n’est pas si mal dans cette grif’auberge de retraite ! Il y a, en plus, un compagnon permanent, Papou qui doit rester à l’intérieur pour une vilaine histoire de bronches. Et on a souvent la visite d’autres résidents, très intéressés par certaines odeurs de pâtée: Tristan, Tricky et Fersen, la quinzaine flamboyante –ils ont toujours vécu la vie des chats de maison, eux- qui viennent profiter de l’aubaine d’une  portion aussi gastronomique que diététique au poisson (pour les reins), enrichie de poudre contre les douleurs de l’âge.  Et surtout, surtout, qu’est-ce que c’est bon les câlins ! Et le brossage donc ! On se tend sur ses pattes pour présenter les zones privilégiées, on fait des roulades, et des ronrons, de la kiné, quoi ! Ici, on donne et reçoit tant et tant de tendresse, qu’on se croirait pour un peu revenu au temps où on était chaton. Ca durera ce que ça durera, mais sur qu’elle a bien fait d’insister !

J’ai bien fait, non ?

=^..^=artine

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