[GRIF'Ethique] Le Chat, la Loi, les Municipales
Dans l’article précédent, je vous racontais l’histoire de Mira qui clamait à pleins poumons sa détresse autant que sa pitance au pied d'un immeuble de M. Christine n'a ni bouché ses oreilles, ni détourné ses yeux. Elle a ouvert sa porte et son cœur. Une chaîne s’est formée, dont j’ai constitué l’avant dernier maillon. Mira a été réconfortée, rassasiée, stérilisée, identifiée, adoptée. Elle est restée parfaitement chatte : élégante, éduquée, en tous points sociable. Et pourtant, livrée à elle même, elle était devenue, au regard de la Loi, une chatte haret, un ancien chaton, aussi vite adopté que rendu aux tribulations de la rue, à la rigueur hivernale, puis, dès février, à la gestation et mise-bas précaire. Ce qui se solde le plus souvent par la mort lente de la chatte et du chaton, dans des souffrances que toute personne sensible ne peut ignorer. A 9 mois à peine!... Qu’ils aient connu la vie de maison, ou qu’ils soient nés dehors, Mira et ses semblables « sans papiers », ceux dont on dit qu’ils se débrouillent, n’en demeurent pas moins des chats domestiques.
Domestiqué depuis l’aube des temps, le chat haret figurait pourtant il y a peu parmi les espèces chassables et nuisibles. Ce n’est qu’en 1987, par Arrêté du 26 juin, qu’ils ont été retirés de la liste du « gibier sédentaire » chassable, catégorie mammifères. Ce n’est qu’en 1988, par Arrêté du 30 septembre, qu’ils ont été retirés de la liste des nuisibles.
Chassable ??? Nuisible ???
La petite Mira qui ronronne maintenant sur les cahiers d’écolière de ma chère Inès ?
Malheureusement, pratiques et préjugés ont la vie dure et font fi de la Loi. Les deux textes évoqués ci-dessus n’ont pas empêché des Maires, cédant aux doléances de leurs administrés, et sous prétexte de nuisances insupportables, de prendre, en 2010, un Arrêté autorisant l’abattage des chats errants sur leurs communes. Par bonheur, et grâce à la vigilance citoyenne, la Fondation 30 Millions d’Amis a pu déjouer cet abus, cette décision hors la loi. Malheureusement, certains particuliers à la carabine leste, au piège à mâchoire sournois, ne s’encombrent pas d’un tel Arrêté pour agir.
C’est à chacun de nous qu’il incombe d’être vigilant et de signaler ces dérapages !
Confrontés à la même question de société, certains Maires choisissent de consacrer un budget annuel à la stérilisation et à l’identification de leurs chats harets. D’autres n’acceptent de financer que l’identification de ces animaux communaux, laissant aux Associations de protection le soin de prendre en charge les frais de stérilisation. D’autres encore recommandent par voix de presse à leurs administrés la stérilisation et l’identification de leur(s) chat(tes). Enfin, depuis le 6 janvier 1999, la Loi 99-5 (article 213-6) du Code Rural donne aux Maires la possibilité de choisir, à leur initiative ou à celle des Associations de Protection Animale, de stériliser, identifier et relâcher leurs chats libres, plutôt que de les faire enlever et passer par les tuyaux obscurs des fourrières. Nous procédons de cette manière au sein de notre réseau GRIF’. Ainsi donc, lentement, le cadre légal s’affine et les Institutions tendent la main aux défenseurs des animaux, reconnaissant ainsi le bien fondé moral et financier de leur action sur le terrain. C’est gagnant-gagnant : les chats harets communaux nourris et suivis sanitairement restent d’excellents prédateurs de rongeurs. De plus, en dépit de leur castration, ils assurent une défense efficace de leur territoire face aux éventuelles intrusions de baroudeurs étrangers. Le bilan financier est positif: la cruauté de la solution fourrière se révélant à long terme dispendieuse et contre-productive.
Le 6 avril 2011, un texte a été adopté à l’Assemblée Nationale, puis en 2ème lecture au Sénat, obligeant les propriétaires de félins à faire identifier leur animal. Cette avancée, nous la devons à Nicole Bonnefoy, Sénatrice et Conseillère Générale de la Charente. Selon elle, 80% des chats dénombrés en France, soit 4 sur 5 ne sont pas identifiés. 4 chats sur 5, le vôtre peut-être, ne bénéficient d’aucune protection contre les méthodes d’éradication expéditive qui pourraient être spontanément mises en œuvre par telle ou telle Mairie.
S’il ne l’est pas encore, faites identifier d’urgence votre animal !
C’est un geste civique! C’est un geste protecteur ! C’est un geste d’Amour !
Beaucoup se montrent sceptiques sur l’efficacité d’une telle Loi. Je leur répondrai que sans chacun de nous, surtout en ce domaine, la Loi peut rester lettre morte. L’esprit de la Loi ne peut rien sans notre force citoyenne d’action concrète, sans nos yeux pour voir, sans nos oreilles pour entendre, sans notre coeur pour ressentir, sans nos mains pour agir. Pour une Mira préservée, 4 chat harets en sont encore à attendre que nous méritions le titre d’humains responsables que nous nous sommes donné.
=^..^=artine
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Pour aller plus loin :
Du chat au repas de Noël en France :
http://www.grifelins.com/archives/2013/12/22/28717304.html
24 intellectuels réclament un nouveau régime juridique pour les animaux :
http://www.grifelins.com/archives/2013/10/29/28319178.html
La réponse de François Hollande :
http://www.grifelins.com/archives/2014/02/25/29300137.html
A consulter sur internet : Droit des animaux, pourquoi ça coince du Huffingtonpost
La déclaration universelle des droits de l’animal :
http://www.oaba.fr/html/Droits_de_lanimal/Droits_de_lanimal.htm